Motards : pourquoi saluent-ils bas en moto ? Éclairage sur une tradition motarde
Un chiffre, une main tendue, et des kilomètres avalés à toute allure : sur les routes françaises, le salut motard bas s’impose comme un rite codé, presque invisible aux néophytes. Deux doigts, la paume ouverte, discret ou appuyé, il s’effectue le plus souvent de la main gauche, croisant un autre deux-roues dans l’autre sens. Mais ce geste ne s’impose pas partout. En ville, il s’efface, happé par le tumulte, et sur chaussée glissante ou lors d’un différend, il disparaît aussi sec. Certains motards chevronnés s’en dispensent pour privilégier la sécurité ou parce qu’ils ne maîtrisent pas les usages locaux. D’autres soulignent que la pratique change en fonction de la cylindrée, de la marque ou du type de machine, révélant des frontières invisibles au sein de la communauté.
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Le salut motard : un code qui intrigue et rassemble
Sur la route, ce mouvement de la main gauche, discret ou appuyé, se glisse dans le paysage comme un vrai symbole d’appartenance. Le salut motard n’est pas qu’une politesse : il incarne la cohésion spontanée d’une tribu unie par l’amour de la liberté, et la nécessité de rester sur ses gardes. On croise un V bien marqué sur une sportive, parfois un geste plus léger sur un custom, mais partout, le signe relie les passionnés du deux-roues en éliminant les barrières de style et de cylindrée. Ces codes roulent sur les routes françaises comme ailleurs en Europe, donnant au passage ce sentiment intime de fraternité motarde.
Sur nationale ou départementale, les saluts fusent presque à chaque croisement, rien d’étonnant à voir un sourire complice sous le casque. Mais dès que l’asphalte devient urbain, le rituel se fait rare : trafic tendu, feux, pièges à chaque coin de rue, impossible pour beaucoup de s’y risquer sans perdre de vue la route. Des groupes passionnés y voient une forme de reconnaissance et imposent parfois leurs propres règles, le geste devenant alors rite d’initiation ou marque de fidélité au club. Finalement, ce qui compte, c’est ce lien mutuel, cette façon de rappeler que, sur la route, on partage chaque galère et chaque instant de plaisir, qu’on roule seul ou accompagné.
Aussi étonnant que cela puisse paraître aux automobilistes, ce salut possède ses codes et ses frontières. Pour certains, il marque une complicité, une solidarité étonnante dans la jungle du bitume. Ce geste remonte des générations, traversant les âges sans rien perdre de sa force d’identification ni du sentiment d’appartenir à un collectif, aussi bigarré qu’insaisissable.
D’où vient ce geste de la main basse sur la route ?
Le fameux signe en V adressé main basse intrigue et raconté depuis des décennies. L’origine semble se brouiller entre les souvenirs d’anciens, les histoires de pionniers et les traditions transmises au fil du temps. Parmi les récits, on évoque les premières virées à travers les grands espaces, lorsque chaque motard croisé était salué comme un frère d’épopée, geste repris et modelé au fil de l’arrivée en force de la moto dans les années 1970 et 1980.
Sur le trajet entre Paris et Marseille, au temps où la mobilité restait rare, le salut motard s’est peu à peu imposé. Main gauche tendue, doigts en V : cette signature visuelle permettait de marquer sa présence tout en évitant la confusion avec l’appel de phare, dédié à la mise en garde sur la route. Au gré des régions, les variantes se multiplient : certains inclinent la tête, d’autres saluent à hauteur du casque ou, au moment de dépasser, tendent le pied en guise de message. Ce langage des mains recrée le sentiment de croiser bien plus qu’un simple inconnu.
Parmi les figures qui ont donné ses lettres de noblesse au V motard, Barry Sheene, pilote britannique mythique, l’a propulsé sur le devant de la scène. Il aurait repris le signe en référence aux aviateurs alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis, la tradition file le long des nationales et s’adapte aux esprits comme aux époques : chaque motard glisse dans sa pratique une nuance de cette identité commune, visible un instant puis aussitôt absorbée par le bitume.
Respect, solidarité, sécurité : ce que le salut dit de la communauté motarde
Deux roues, une communauté. Le salut, geste insignifiant pour certains, porte en réalité un message profond et ressenti. C’est une marque de respect, un indice d’égalité tacite face aux aléas de la route. Chaque V lancé, chaque main levée, rappelle que le bitume se parcourt ensemble, jamais en dehors d’un risque partagé, jamais sans vigilance.
La solidarité motarde se vit chaque jour : ces petits signes sur la route signalent économies de mots et efficacité du geste. Danger en approche, passage risqué, accident, contrôle : la vigilance s’exprime sans bruit mais bien plus concrètement que n’importe quelle tirade. Le costume importe peu : qu’on chevauche une Harley, une BMW ou un petit scooter, le message reste universel, surtout face à des automobilistes parfois indifférents ou hostiles à la présence des deux-roues. Chacun remercie, avertit ou encourage, la force du geste dépasse les différences visibles.
Ce mode de salutation ne se limite pas à l’instant : il relie aussi les générations, ravivant des souvenirs d’accidents évités, de campagnes pour plus de prudence. Il ouvre un dialogue, souvent silencieux, entre motards, chacun entraîné dans le même effort collectif, chacun dépositaire de cette solidarité discrète qui résiste à tous les changements d’époque.
Adopter les bons réflexes pour rouler en toute sécurité et entretenir l’esprit motard
Sur la route, chaque geste compte. Que l’on soit au guidon d’une moto, d’un scooter ou d’un maxi-scooter, la concentration et l’anticipation ne tolèrent aucune approximation. Un pilotage précis, un regard toujours loin, un maintien impeccable de la machine : voilà l’ordinaire du motard qui tient aussi à préserver la sécurité routière et à nourrir l’esprit d’entraide.
Si le salut a sa place, d’autres signaux complètent la panoplie : l’appel de phare pour avertir d’un danger, le pied détendu pour remercier ou signaler un ralentissement. Les respecter, c’est permettre à chacun de réagir à temps et de limiter les mauvaises surprises sur le parcours partagé.
Quelques réflexes à adopter :
- Se rappeler que chaque véhicule demande des ajustements : conduire une moto, un scooter 125 cm3, un can-am spyder ou un side-car n’exige pas la même technique ni la même attention.
- En milieu urbain, rester à l’affût : angles morts multiples, réactions imprévues, il s’agit de s’adapter à la densité et à l’instabilité du trafic.
- Veiller à l’état de la machine : pneus, freins, éclairage, l’entretien doit être méthodique, surtout pour les longues distances ou de nuit.
Du côté des autorités, la vigilance reste de mise concernant les deux-roues. Obtenir le permis A ou le permis B pour certaines catégories de scooters s’accompagne d’un ensemble de règles strictes, clef d’un regard positif sur la communauté motarde. Assumer l’esprit motard, c’est allier passion, sens de l’autre et rigueur sur la route.
Sur chaque trajet, ce salut qui passe, cet échange fugace mais complice, laisse une trace : la route se fait alors terrain d’alliance, de mémoire et de partage, bien au-delà d’un simple croisement de regards.

