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Femme d affaires examine des voitures hybrides en concession

Véhicules hybrides rechargeables : pourquoi sont-ils si rares à trouver ?

876 000. C’est le nombre brut de véhicules hybrides simples écoulés en France en 2023. Les hybrides rechargeables, eux, font pâle figure avec moins de 9 % de parts de marché. Sur le papier, les aides publiques abondent, et les discours officiels vantent l’urgence de verdir nos routes. Pourtant, chez les concessionnaires, la vitrine manque cruellement de modèles PHEV.

Les véhicules hybrides rechargeables, une solution innovante encore peu répandue

Sur le papier, la voiture hybride rechargeable promet de conjuguer le meilleur des deux mondes : un moteur thermique robuste épaulé par un moteur électrique, avec la promesse de parcourir le quotidien presque sans une goutte d’essence. Pour les longues distances, un simple plein permet de filer sans stress. Pourtant, ces hybrides rechargeables, ou PHEV, se font rares sur nos routes. Peugeot, Renault, Citroën, mais aussi Mercedes, BMW, Audi ou Volkswagen : la plupart des grandes marques sont bien présentes, mais avec une visibilité très réduite.

Cette présence discrète ne s’explique pas uniquement par les hésitations côté client. Les constructeurs automobiles concentrent la majorité de leurs efforts sur les citadines électriques ou les hybrides non rechargeables à la Toyota ou Dacia. Développer un hybride rechargeable suppose en effet de maîtriser deux chaînes de traction, d’intégrer une batterie plus imposante, de jongler avec une électronique de puissance sophistiquée, à la clé, des coûts de production qui grimpent vite.

Du coup, la plupart des modèles hybrides rechargeables se retrouvent cantonnés aux catalogues des marques premium ou à quelques pionniers généralistes. Volvo, Kia, Hyundai : ces constructeurs misent sur la polyvalence, mais l’offre reste maigre. Les fiches techniques et guides d’achat parlent d’eux-mêmes : le choix se limite généralement à une poignée de modèles, souvent affichés à des prix nettement supérieurs à la moyenne du marché auto.

Voici quelques caractéristiques qui reviennent fréquemment dans le discours des spécialistes :

  • Autonomie électrique réelle rarement supérieure à 60 km
  • Recharge possible sur prise domestique ou via une borne spécifique
  • Polyvalence du fonctionnement hybride, adaptable selon le rythme de vie et les trajets

Alors que les réglementations européennes poussent à l’électrification, la voiture hybride rechargeable reste une solution d’entre-deux, peu mise en avant par les réseaux de distribution. Le catalogue reste mince, et pour nombre d’automobilistes, la généralisation de ces modèles n’est pas pour demain.

Pourquoi ces modèles restent-ils difficiles à trouver sur le marché ?

La faible présence des véhicules hybrides rechargeables en France ne doit rien au hasard. Première barrière de taille : le prix. Entre le double système de propulsion et une batterie plus généreuse que sur un hybride classique, le ticket d’entrée reste élevé. Même avec une prime à la reprise ou un bonus écologique encore accessibles sur certains modèles, la facture effraie de nombreux acheteurs.

À ce coût de départ s’ajoutent des obstacles administratifs et fiscaux. Le malus poids pèse lourdement sur les véhicules les plus massifs, tandis que la taxe sur les véhicules de société décourage les flottes d’entreprise, traditionnellement friandes d’hybrides rechargeables. Certes, la carte grise allégée représente un petit coup de pouce, mais elle ne suffit pas à compenser l’écart de prix avec une auto thermique ou électrique classique.

Le marché automobile européen doit aussi faire face à une concurrence féroce, notamment des véhicules électriques venus de Chine, proposés à des tarifs souvent plus abordables et soutenus par des politiques industrielles agressives. Face à ce raz-de-marée, les constructeurs automobiles préfèrent souvent miser sur le 100 % électrique ou sur des hybrides simples, comme le font Toyota et Dacia.

Les chiffres sont parlants : en 2023, les hybrides rechargeables n’ont représenté qu’environ 8 % des ventes de voitures neuves en France, loin derrière les électriques. Les professionnels du secteur mettent également en avant la rareté des véhicules disponibles en stock, les délais de livraison qui s’allongent, et la demande soutenue des flottes qui accaparent la plupart des unités produites.

Forces et limites des hybrides rechargeables : ce que révèlent les usages

Sur le papier, le véhicule hybride rechargeable semble répondre à tout : moteur thermique et moteur électrique se relaient pour offrir entre 40 et 80 km en mode électrique selon la norme WLTP. En ville ou en banlieue, la consommation de carburant chute, tout comme les émissions de CO2. Cette autonomie électrique permet même d’accéder sans restriction aux zones à faibles émissions (ZFE).

Mais la pratique vient souvent nuancer les promesses. Les études de l’ICCT et de l’ADEME montrent que la consommation réelle des voitures hybrides rechargeables dépasse régulièrement les chiffres officiels. Tout dépend de la régularité de la recharge : sans branchement fréquent sur une prise domestique ou une borne de recharge, le véhicule fonctionne rapidement comme un hybride classique, voire comme une thermique, et la conso grimpe, effaçant le gain écologique.

Le surcoût à l’achat reste une réalité, mais la valeur de reprise progresse, principalement sur les modèles appréciés par les gestionnaires de flottes. Le coût d’entretien reste contenu, inférieur à celui d’une auto thermique classique, grâce à l’utilisation plus modérée du moteur essence et à la récupération d’énergie au freinage.

Pour beaucoup d’usagers, le confort de conduite fait la différence : silence en circulation urbaine, accélérations réactives, transitions presque imperceptibles entre thermique et électrique. Mais exploiter pleinement l’hybride rechargeable suppose de recharger régulièrement et d’adapter ses trajets à l’autonomie électrique du véhicule.

Jeune technicien près station de recharge hybride en parking

Quels enjeux environnementaux et perspectives pour l’avenir de cette technologie ?

Le véhicule hybride rechargeable occupe une place centrale dans les discussions sur la transition énergétique et la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Son atout : limiter la consommation de carburant lors des trajets quotidiens grâce au mode électrique, tout en conservant la polyvalence du moteur thermique sur les longs parcours. Sur le papier, l’équation paraît séduisante. Mais, dans la réalité, l’ICCT souligne que les émissions de CO₂ des hybrides rechargeables excèdent souvent leurs valeurs d’homologation, faute de recharges fréquentes.

Reste la question de la batterie, qui concentre de nombreux défis : son impact dépend du mode de fabrication et du taux de recyclage. Aujourd’hui, la Commission européenne impose des règles strictes concernant la gestion des batteries usagées. Réutilisation en stockage stationnaire, filières de recyclage, traçabilité des matériaux rares : autant de pistes pour alléger l’empreinte écologique de la filière.

L’évolution de l’hybride rechargeable dépendra de plusieurs curseurs : nouvelles procédures d’homologation des PHEV, multiplication des points de recharge, arbitrages fiscaux. Les constructeurs affinent leurs solutions pour augmenter l’autonomie électrique et l’efficience, à l’instar de Peugeot, Renault ou Volkswagen. Mais la dynamique s’accélère : la réglementation européenne réduit progressivement les avantages fiscaux de ces modèles, tandis que la course au tout-électrique s’intensifie. L’hybride rechargeable, lui, reste une étape, bien adaptée aux besoins hybrides de certains territoires, mais dont le destin reste suspendu à la prochaine révolution du marché.